Le Sonneur à ventre jaune, une rareté départementale
Parmi les amphibiens de nos départements, on trouve un petit crapaud discret qui porte le nom de Sonneur à ventre jaune. Cet amphibien a subi, depuis près de soixante ans, un très important déclin de ses populations, ce qui en fait aujourd'hui une rareté départementale.
Un crapaud qui porte bien son nom
Le Sonneur à ventre jaune est un anoure atteignant rarement plus de cinq centimètres de longueur. Comme son nom l'indique, son ventre est jaune ponctué de tâches noires qui, par leurs formes et leurs positionnements, permettent de distinguer chaque individu. Un autre critère permet de vous assurer que vous êtes en présence d'un sonneur, sa pupille en forme de coeur. Son corps d'un marron uniforme, est recouvert de nombreuses petites pustules.
Comme tous les Amphibiens, le Sonneur a besoin d'un point d'eau pour se reproduire. Ainsi, entre avril et juin, on peut entendre les mâles tenter d'attirer les femelles par un chant caractéristique. Un "hue" qui ressemble à une notre de flute de pan. Lors de l'amplexus, le mâle saisit sa partenaire juste au dessus des pattes postérieures. La ponte, de quelques dizaines d'oeufs, est enroulée autour des tiges de végétation aquatique.
Le bocage du Montmorillonais, dernière terre d'accueil en Vienne
Les connaissances passées sur la répartition du Sonneur à ventre jaune dans la Vienne restent très fragmentaires. Les premières mentions de l'espèce datent de 1844, quand Mauduyt signale sa présence, sans pour autant indiquer de station. Il faudra attendre un siècle pour obtenir des localisations précises. Dans le cadre d'un plan action régional pour la conservation de l'espèce, de nouvelles prospections ont permis d'affiner sa répartition.
Depuis 2000, on connaît moins de 10 stations de Sonneur, la plupart localisées au sud est du département, dans des secteurs bocagers du Montmorillonais. Le suivi de certaines populations par protocole de Capture-Marquage-Recapture (CMR) a permis d'évaluer de faibles effectifs avec moins de 30 individus.
Le Sonneur à ventre jaune est assez exigeant quant au choix de ses milieux de vie. Il est réputé pour fuir les autres espèces d'amphibiens et les cours d'eau à fort courant. Il affectionne particulièrement les ornières temporairement gorgées d'eau. Dans notre département, on le rencontre également dans des rus où le courant diminue au fur et à mesure de la saison, lui offrant ainsi de belles vasques. Il occupe aussi chez nous un milieu très atypique pour l'espèce: des vasques d'affleurements granitique.
Rencontrer le Sonneur à ventre jaune, une récompense qui se mérite
Le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) est une espèce très discrète dans la nature du fait de sa petite taille, de sa coloration dorsale terne et de son chant peu audible. Le moyen le plus simple de l'observer est d'attendre la saison de reproduction durant laquelle les individus se rassemblent dans les ornières.
Imaginez-vous devant une ornière de dix mètres de long et quelques mètres de large, avec une eau complètement troublée, des débris de toutes sortes flottant à la surface, en train de chercher deux yeux microscopiques qui dépassent de la surface et qui risquent de disparaître au moindre de vos mouvements un peu brusques. Un beau défi en perspective!
Néanmoins, le repérer procure un récompense d'exception: l'opportunité d'admirer l'un des plus beaux amphibiens de France. Son coté pataud sur la terre ferme, ses yeux ainsi que la forme de sa bouche lui donne un aspect sympathique. Mais attention , seuls nos yeux sont autorisés à le toucher puisque cette espèce est intégralement protégée depuis 1976 et qu'elle est, par ailleurs, légèrement vénéneuse. Pour se défendre, le Sonneur se met en position de lordose, c'est à dire sur le dos afin d'exhiber son ventre jaune, symbole de toxicité.
Extrait de :
Vienne Nature, 2017. Bêtes et plantes de la Vienne - déambulation dans la biodiversité départementale. Vienne Nature éditions, Fontaine-le-Comte. 240 p.