La pénurie d’eau potable n’est pas une fatalité.
Fontaine-le-Comte, 12 juillet 2022
Le risque de pénurie d’eau potable se précise de jour en jour : baisse jamais vue des débits des sources et forages, aggravation simultanée des pollutions.
Que décide l’État ? Continuer la politique du laisser-faire : laisser faire des prélèvements d’irrigation dépassant les capacités de la ressource, 26,3 millions de m3 en été alors que seuls 18 millions sont autorisés, augmentation programmée des surfaces irriguées ; laisser faire des apports aggravés en nitrates et pesticides dans les aires d’alimentation des captages.
On continuera avec les mêmes expédients : diluer les pollutions, mélanger des eaux superficielles avec des eaux profondes moins vulnérables aux pollutions agricoles, mais polluées par du manganèse, du fluor, du nickel. Et l’on distribuera de l’eau non conforme aux normes de qualité, comme c’est déjà le cas dans 25 communes en totalité et 2 partiellement.
Cette politique accule les producteurs d’eau potable, Eaux de Vienne, Grand Poitiers, dans une impasse.
L’eau utilisable pour produire de l’eau potable commence à manquer : débit diminué de moitié à Fleury, menace de fermeture à Cuhon. En quantité, six sous bassins du Clain sur onze ne satisfont pas aux besoins de l’AEP selon la dernière étude scientifique. La pénurie conduit à exploiter encore plus des captages qu’il faudrait fermer, car leurs teneurs en nitrates et pesticides les rendent impropres à la production d’eau potable.
C’est le cas de La Preille (Lavausseau) et Fontaine-de-Maillé (Latillé) : la préfecture souhaite les faire reconnaître d’utilité publique et en augmenter considérablement la production tout en se refusant à toute mesure de prévention des pollutions dans les périmètres de protection ! Le comble c’est à Fontaine-de-Maillé : l’hydrogéologue demande de se préparer à fermer ce captage trop pollué et trop vulnérable !
À Fleury, la situation était redoutée depuis longtemps : faute de débit on ne peut plus mélanger à parts égales l’eau de la source et l’eau polluée du Clain pompée à La Varenne ; de ce fait l’usine de traitement atteint ses limites devant l’augmentation du volume d’eau du Clain à purifier.
Sans prévention, pas de plan B : la dilution et l’interconnexion ne sont pas des solutions.
À Fontaine-de-Maillé on mélangera une eau superficielle polluée par deux substances classées génotoxiques avec une eau profonde polluée au nickel, que l’on ne sait pas éliminer : merci pour le cocktail au robinet ! Quant à La Varenne, au rythme actuel, il faudrait des décennies pour diminuer les teneurs en nitrates et pesticides dans le Clain.
La sécheresse diminue les quantités d’eau dans les cours d’eau comme dans les nappes superficielles et ainsi accentue les teneurs en polluants chimiques ou en bactéries comme à Varenne et nos nappes profondes sont trop riches en fluor, manganèse, nickel… pour remplacer les nappes superficielles.
Ne comptons pas sur l’élimination des pesticides dans de nouvelles usines comme celle prévue à Latillé : l’incessante mise sur le marché de nouvelles molécules toujours plus toxiques en fait un expédient de court terme ruineux pour le consommateur.
Des solutions fondées sur la nature existent.
Par chance on sait comment alimenter nos nappes par infiltration des eaux pluviales et comment les protéger sans recours à des budgets colossaux : boisements et réseaux de haies, restauration des zones humides, renaturation des cours d’eau dégradés, agriculture bio dans les périmètres de protection, végétalisation des aménagements urbains…
On sait aussi comment économiser l’eau pour tous les usages, on sait même laisser les nappes se recharger en hiver en ne les vidangeant pas pour remplir des bassines.
En Vienne les mêmes nappes superficielles servent pour l’eau potable, pour alimenter les cours d’eau et zones humides et pour l’irrigation agricole : restaurons-les pour stocker l’eau et la purifier. À la différence des bassines on sait que ça marche. Eau potable, milieux aquatiques, irrigation des cultures prioritaires seront sécurisés.