Communiqué de Vienne Nature
Fontaine-le-Comte, le 10 juillet 2020
La Région au secours des bassines ?
En Vienne, sur le bassin du Clain, 35 bassines privées sont constructibles pour pérenniser l’irrigation intensive en pompant dans les nappes en hiver ; elles sont autorisées par des arrêtés préfectoraux récemment validés par des jugements de la justice administrative.
Il ne manque que les 70 % de financements publics, mais ni l’Agence de l’Eau ni la Région ne lâcheront leurs crédits sans condition d’économie d’eau et de reconquête de sa qualité. La Région est tenue par son règlement d’attribution des crédits, mais ses services ont trouvé un stratagème habile pour le contourner : la Région ne financera pas la construction des bassines, mais l’infrastructure de canalisations et de pompes qui les fait fonctionner ; ce qui permettrait de ne pas dépenser l’argent de la Région, mais celui des crédits européens que la Région gère. Elle ne financera pas directement les associations d’irrigants, mais une coopérative d’utilisation de matériel agricole.
Le montage est astucieux et dans un premier temps limité à un territoire, mais il est généralisable et cache mal une tentative de changement de politique. Elle tombe au pire moment : une demande forte s’impose pour des productions alimentaires de proximité et de qualité et ce changement ne sera pas possible sans soumettre à conditions les aides publiques, en particulier pour l’accès à l’eau.
Dans le bassin du Clain, un financement régional à l’aveugle des bassines compromettrait l’élaboration du Projet Territorial de Gestion de l’Eau (PTGE) : il va déterminer, en fonction du changement climatique et de la ressource disponible, comment garantir l’alimentation en eau potable, le bon état des milieux aquatiques et une irrigation recentrée sur les vrais besoins. Fondé sur les études scientifiques en cours, ce PTGE permettra de fixer des priorités aux financements publics. À l’heure des sécheresses récurrentes, il permettra de centrer des aides publiques sur des cultures d’intérêt public répondant aux besoins de la population : l’eau d’irrigation disponible doit leur être réservée.
Payer des tuyaux pour asperger du maïs d’exportation n’est pas la solution : finançons la restauration des zones humides qui stockent l’eau et la restituent en été.
———————————————————————-
Plusieurs manifestations contre les bassines étaient justement organisées le weekend dernier (11/07/2020) en Vienne et dans les Deux-Sèvres. Pour en savoir plus :