Les Rhopalocères, papillons à mœurs plutôt diurnes
Dans le département, les connaissances contemporaines sont très bonnes. Les inventaires menés dans le cadre de l’atlas régional des Rhopalocères, complétés par les données historiques du début du siècle, nous indiquent la présence actuelle et passée de 103 espèces sur les 123 recensées en Poitou-Charentes.
L’inventaire des papillons
Il se mène filet à la main dans tous types de milieux ouverts. Bien que la plupart de nos espèces soient identifiables sans capture, des groupes, à l’image des azurés ou des hespéries, nécessitent un examen attentif des ailes et de leurs ornementations.
On peut également rechercher les plus jeunes stades, notamment les œufs. Cette méthode se révèle particulièrement efficace pour des espèces dont le vol s’étend sur une très courte période ou qui font preuve d’une extrême discrétion. La recherche des chenilles de Rhopalocères se montre quant à elle délicate. En dehors de quelque espèces qui laissent des marques caractéristiques sur les feuilles de leurs plantes-hôtes, tels les cuivrés, leur rencontre est plutôt hasardeuse. Les rares espèces dont les chenilles sont liées aux arbres (chêne, orme…), peuvent être observées par battage des branches.
Empruntée aux chasseurs de papillons de nuit, la méthode de la miellée a fait ses preuves. Ce mélange sucré et alcoolisé attire facilement les vanesses mais aussi des espèces plus rares comme les mars changeants.Enfin, n’oublions pas la visite des milieux souterrains, des caves ou des greniers qui, pendant la période hivernale, offrent un abri aux papillons qui passent la mauvaise saison à l’état imaginal.
La liste rouge qui broie du noir
Les récents travaux menés sur les Rhopalocères de la région nous ont permis de travailler à la rédaction d’une liste rouge régionale des Lépidoptères du Poitou-Charentes. Sans attribuer de statut de protection, ces listes contribuent à établir un degré de menace et à déterminer le risque de disparition de chacune des espèces à moyen terme. Le bilan est plutôt alarmant puisque 38 des 123 espèces recensées en Poitou-Charentes sont classées dans les catégories « régionalement éteinte », « en danger critique », « en danger » ou « vulnérable » et sont donc menacées de disparition ! Dans la Vienne, 26 espèces sont concernées.
La disparition des papillons est directement liée à celle de leurs milieux de vie. Au fil des années, l’élevage a été abandonné au profit d’une agriculture toujours plus productiviste entraînant le retournement des prairies, l’arrachage des haies, l’utilisation massive de pesticides. L’abandon du pastoralisme sur les parcelles non cultivables, souvent des hauts-lieux pour l’entomologie comme les pelouses calcaires, cause leur fermeture naturelle par des arbustes puis des arbres et leur évolution vers des massifs boisés.
Des modes de gestions draconiens dégradent également les bois, forêts et landes, et notamment le broyage des lisières aux pires périodes de l’année qui, quand il ne détruit pas directement les chenilles, fait disparaître les plantes qui leur servent de nourriture.
Extrait de :
Vienne Nature, 2017. Bêtes et plantes de la Vienne - déambulation dans la biodiversité départementale. Vienne Nature éditions, Fontaine-le-Comte. 240 p
Poitou-Charentes Nature (Coord), 2017. Papillons de jour du Poitou-Charentes. Deux-Sèvres Nature Environnement, Charente Nature, Vienne Nature, Nature Environnement 17 et Muséum d'Histoire naturelle de La Rochelle. Poitiers, 388 pages.