Communiqué de presse
Fontaine-le-Comte, le 25 mars 2019
RN 147 : des solutions illusoires
Vienne Nature, association de protection de la nature et de l’environnement, travaille depuis des années sur les questions d’aménagement du territoire. L’association a étudié les dossiers du diagnostic environnemental et socio-économique du projet de contournement de Mignaloux-Beauvoir.
À la simple lecture des écrits rédigés par les bureaux d’études et les services de l’État, il apparaît que la réduction de l’usage des automobiles dans ce secteur n’a pas été appréhendée.
Le financement d’une mobilité douce et durable – tels que l’auto partage, le covoiturage, les transports en commun, le vélo – conditionne son développement. Dans les enquêtes citées, 22 % des automobilistes accepteraient un changement de mode de transport, soit 3 000 automobilistes qui attendent des aménagements adaptés à la mobilité douce.
En ce qui concerne les poids lourds – qui, pour 70 % d’entre eux, sont en transit –, leur présence sur ce tronçon résulte d’une politique nationale inadaptée aux enjeux du changement climatique. Le dévelop-pement du fret ferroviaire combiné à des taxes adaptées peut réduire cette hégémonie.
Un autre enjeu fort de ce dossier est la destruction des terres agricoles. C’est le cas dans plusieurs scénarios présentés. La destruction des espaces naturels, bois, prairies, zones humides, rivières est l’une des causes de la perte de la biodiversité. Outre la destruction d’habitats pour les espèces, les infrastructures linéaires de transport fragmentent les milieux aux dépens de continuités écologiques qu’aucune mesure dite de « restriction d’impact » ou de « compensation » ne peut rétablir. Or les constats actuels sont alarmants : chute des populations d’insectes, d’oiseaux, de mammifères, des champignons…
À travers l’exemple de ce projet de déviation, nous ne pouvons que souligner l’échec des politiques publiques pour stopper la destruction des espaces naturels, agricoles et forestiers.
Nous alertons les citoyens et les responsables politiques sur ce rythme de destruction et les « bonnes » raisons qui font qu’à chaque problème de saturation d’un axe de circulation, la réponse systématique est celle d’un projet de contournement. C’est une solution illusoire car la saturation reviendra tôt ou tard, alors que les dégâts sur la biodiversité et l’agriculture seront irréparables.
C’est également une solution de facilité car il est plus simple de terrasser une voie nouvelle en pleine campagne que de traiter le problème à la racine en organisant des alternatives à la voiture et aux camions.
Les études doivent inclure une analyse socio-économique complète, avec monétarisation des pertes de services rendus par la biodiversité qu’entraînerait chaque solution. Elles doivent présenter des solutions alternatives analysées et évaluées, et pas seulement des variantes à l’intérieur d’un projet bétonné.
C’est désormais aux collectivités de travailler très rapidement ensemble pour mettre en place des politiques volontaristes de mobilités douces, d’auto partage, de co-voiturage, de transports en commun.