La majorité de l’électricité produite sur le territoire de la Vienne provient de l'énergie nucléaire. Cette transformation se produit dans la centrale nucléaire de Civaux. Ce centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) a été mis en service en 1997.
De l'atome à l'électricité
La centrale nucléaire de Civaux est composée de deux réacteurs de 1450 MWe de type REP (Réacteur à eau pressurisée). L’émission de chaleur par fission d'atomes d'uranium va permettre de chauffer de l'eau. Cela va produire de la vapeur qui fera ensuite tourner des turbines produisant alors de l'électricité.
La fission est le phénomène utilisé dans ce type de réacteur. Sous l'effet d'un neutron, le noyau d'un atome d'Uranium 235 va se désintégrer en plusieurs morceaux. Conséquences: la production de chaleur et la génération de deux à trois neutrons qui vont eux aussi pouvoir être capturés par d'autres noyaux d'atome d'uranium créant alors une réaction en chaine.
Une veille constante des installations nucléaires
Si la production d’électricité par les centrales nucléaires n’émet pas de CO2, ce n’est pas pour autant une énergie propre. Même en fonctionnement normal, c’est-à-dire sans accident, une centrale nucléaire pollue l’environnement par des rejets radioactifs, chimiques et thermiques dans l’eau et dans l’atmosphère. De plus, le phénomène de fission, extrêmement instable peut conduire à des accidents en cas de mauvais fonctionnement du système.
Au niveau national, l'Autorité de Sureté nucléaire (ASN) surveille les installations et produit un rapport annuel. Vienne Nature participe à la Commission Locale d'information de Civaux (CLI) qui est présidée par le président du Conseil départemental.
Des rejets dans la rivière la Vienne
La centrale nucléaire de Civaux prélève de l'eau dans la Vienne pour son bon fonctionnement et la production d'électricité. 98% de l'eau prélevée revient au milieu naturel alors que 2% s'évaporent pour refroidir les réacteurs. La centrale produit des effluents radioactifs et chimiques. Le rejet en aval des centrales est soumis à autorisation et à contrôle. Une demande d’autorisation de rejet et de prélèvement d’eau est faite auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire et renouvelée à chaque modification substantielle de l’installation ou de la réglementation.Les contrôles sont ensuite réalisés par l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire. En 2008, une nouvelle demande a été faite pour la centrale nucléaire de Civaux. Vienne Nature a émis un avis.
Un accident nucléaire possible
Du fait de l'instabilité de la réaction de fission et malgré des dispositifs de régulation, une erreur humaine ou un problème technique sur une partie des circuits peut conduire à un accident nucléaire.
Suite à l'accident de Fukushima en 2011 et au trentième anniversaire de l'accident de Tchernobyl (1986), Vienne Nature et France Nature Environnement ont publiés des communiqués et des articles.
Plusieurs instances se sont penchées sur la question de l'accident nucléaire. C'est notamment le cas du Comité directeur pour la gestion de la phase post‑accidentelle (Codirpa),créé en 2005. Il s'agit d'un groupe composé d'experts, des représentants des services de l’État et de la société civil. Il est piloté par l’ASN, qui a vocation à proposer au Gouvernement des évolutions dans la stratégie nationale de protection de la population et de reconquête des territoires à la suite d’un accident nucléaire.
Plusieurs documents officiels sont consultables pour s'informer sur la gestion d'un accident nucléaire:Plan national de réponse. Accident nucléaire ou radiologique majeur, Guide d'aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d'accident nucléaire, et R!SQUES, prévention des risques majeurs.
Des déchets radioactifs encombrants
Les réacteurs nucléaires produisent des déchets radioactifs. La loi de juin 2006 sur la gestion durable des matières et déchets radioactifs définit les déchets radioactifs comme des substances radioactives qui ne peuvent ni être réutilisées, ni recyclées. Ce sont des combustibles usés, des gravats, des outils, des vêtements de protection, ou encore des pièces usagées mais les rayonnements qu’ils émettent présentent un risque pour la santé et l’environnement.
Les déchets sont classés suivant leur niveau de radioactivité et leur durée de vie.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) a pour mission la gestion des centres de stockage en surface comme celui de l'Aube. Pour les déchets à haute activité et à vie longue (plusieurs centaines à milliers d'années), l'ANDRA étudie le stockage en couche géologique profonde dans le laboratoire de recherche souterrain de Bure dans la Meuse. Le projet Cigéo (centre industriel de stockage géologique) est très controversé et provoque une forte opposition de la part du Réseau Sortir du Nucléaire dont Vienne Nature est membre.
Deux ouvrages permettent de découvrir et comprendre la complexité de ce projet : Le droit du Sol d'Etienne Davodeau (Futuropolis, 2021) et Cent Mille Ans de Cécile Guillard, Pierre Bonneau et Gaspard d'Allens (La Revue Dessinée/Seuil, 2020). C'est aussi le cas de l'article de France Nature Environnement mis à jour en 2021.
L'énergie nucléaire, une énergie d'avenir?
Bien que n'émettant que peu de CO2 lors de la production de l'électricité, l'énergie nucléaire présente de nombreux aspects sur lesquels il faut se questionner. Son impact sur l'environnement à court (rejets dans les rivières) et à long (déchets radioactifs) termes, son coût, l'origine étrangère du minerai, la possibilité d'accident de grande ampleur sont autant de critères amenant à penser que l'énergie nucléaire n'est pas une énergie d'avenir. France Nature environnement dédie un article sur le sujet.
La France compte aujourd'hui 56 réacteurs nucléaires lui permettant de produire 75 % de l'électricité qu'elle consomme. Malgré les inconvénients et les risques factuels de l'énergie nucléaire, l’État envisage sans débat démocratique le maintien voire l'expansion de l'utilisation de cette source d'énergie pour les décennies à venir.